samedi 28 janvier 2012

Elbaman 2011 par Simon (suite et fin !)


Simon nous livre (enfin !) le récit de course tant attendu. Alors, c'est comment un Ironman quand on est pas bien ?



La nuit se passe bien, je dors relativement correctement, d'un sommeil légèrement agité mais je me repose quand même ...le réveil ne me sert néanmoins à rien car j'ai les yeux ouverts bien avant qu'il ne sonne.

L'hôtel DEL CORRALI a accepté sans sourciller de nous servir le petit déjeuner "en dehors des heures de bureau", nous sommes 3 dans la salle, à nous regarder en chien de faïence...ambiance tendue. Il y a parmi ces 3 personnes une fille, et cette fille...me dépassera à 500m de la ligne d'arrivée pour prendre la troisième place du classement féminin, mais à cette heure, je ne le sais pas encore.

Vérifications habituelles avant de quitter l'hôtel (combi, lunettes, cardio, pince nez...(et oui les grands nageurs utilisent le pince nez aéro, ou plutôt...aquaro!!)). Il fait encore nuit noire lorsque j'arrive sur la plage sur le site de départ. Des petites montgolfières en papier s'envolent et illuminent le ciel, magnifique. J'enfile la combi, mes lunettes a verres rouges et là...gros stress...je n'y vois rien, mais rien du tout, pas même la première bouée, les puls font un bond, le cœur s'emballe, impossible de nager sans lunettes, et impossible de nager dans le noir...pas le temps de retourner à l'hôtel chercher des lunettes claires...ppffff qu'est ce que je fais la. Regard autour de moi, à priori, pas de problèmes pour les autres...Quelques minutes plus tard, le soleil passe au dessus de la petite colline en face de nous et la, le miracle s'opère, et la luminosité s'installe...j'y vois enfin...ça va mieux.

Je craignais un peu la natation en mer, mais elle est d'huile, chaude (la mer..) et on voit le fond.. en fait c'est un régal, pas de bousculade, lever de soleil, vue sur le fond tout le parcours, ce qui rassure quand on a mes talents de nageur.. on voit même les poissons. Premier tour : 37 minutes, sortie à l'australienne, second tour, 36 minutes. Conforme à mes capacités, un métronome !! A mon grand étonnement, je ne bois même pas la tasse salée que je redoutais.

Le parc à vélo se trouve à un bon 500 m de la plage, et courir jusqu'à celui ci parait difficile juste à la sortie de l'eau, et fait monter les puls.. Transition correcte, il reste des vélos.. je pars léger, juste les manchettes, car il fait déjà une température agréable. J'avais décidé bien avant le départ de faire un bel effort sur le vélo la première heure de course, pour me calmer ensuite ...PREMIERE ERREUR...car l'effort, je le ferai, mais je ne me calmerai pas, car le relief est tourmenté et demande des relances constantes, ce qui fait que je resterai les 4 premieres heures bien au dessus du seuil, puis je retrouverai des puls plus en adéquation avec ce type d'épreuve, non volontairement, mais comme les prémices de la défaillance qui s'annonce...le corps résonne de lui même...Je veille à m'alimenter et à m'hydrater. Sur ce point ,pas de problème, je me tiens a ce que j'ai prévu mais...DEUXIEME ERREUR....je mange le solide dans les bosses.. et avec les puls hautes, je ne le digère pas bien(je le comprendrai plus tard), et les crampes d'estomac ne tardent pas à arriver. Moi qui ne connaissait pas ce genre de désagrément, je comprends que les ennuis commencent, sans savoir encore pourquoi à ce moment. Mon rythme commence à baisser dans le deuxième tour,et ça continue dans le troisième. Je boucle le vélo en 7h pour 2800m de dénivelé au polar (2h10, 2h20, 2h30...à vous de juger..).

La mise en route en cap est difficile. Ma femme me crie:"vas y gazelle, c'est ta partie !!", ça fait du bien à entendre, mais je n'y crois pas car les crampes d'estomac reviennent et les jambes sont lourdes. Je pars lentement, pour me laisser le temps de trouver mon rythme, le cardio ne sonne pas, mais je n'ose le regarder. J'essaye de boire et de m'alimenter en gel, mais rapidement me vient le dégoût du sucré, les ravitaillements deviennent difficiles et très aléatoires, je me perds dans "mon programme alimentaire"...TROISIEME ERREUR. J'entre dans un état second, m'arrête pour satisfaire un "gros" besoin naturel...et ça me fait du bien, beaucoup de bien. Je repars libéré de mes douleurs abdominales. Je passe le semi en 1h45, je n'ose y croire, finalement je suis sur un bon rythme...QUATRIEME ERREUR....je craque peu après le semi, et je me mets à marcher, je m'étais pourtant juré de ne jamais marcher sur marathon. Je ne peux plus rien avaler, j'alterne marche et course, mais j'ai envie de m'asseoir. je regarde un petit mur et m'y dirige pour poser mon postérieur, mais un sursaut d'orgueil m'en empêche...heureusement car je pense que je ne serais jamais reparti. Je reprends la course, mais je n'avale toujours rien, j'ai envie...d'une bière.. je rencontre pour la Xième fois ma femme et lui demande de m'en trouver une pour mon retour sur la troisième boucle (il y en a 5 en tout).Chose faite, elle me tend cette bière que je bois "cul sec".. Je sais c'est interdit mais à ce moment je m'en fous complètement... (que celui qui n'a jamais connu ces grands moments de solitude me lance la première pierre!!) J'assume, j'accepte toutes les critiques, je n'ai pas honte, même si ça mérite le déclassement, je cours pour moi et non contre les autres.. je lui en demande même une seconde pour mon prochain passage, je la descends encore plus vite que la première. le dernier tour arrive et je décide de ne plus marcher. je tiendrai mon engagement, courant au radar, en bouclant le second semi en...2h15h.4h sur le marathon, je suis déçu, fatigué, nauséeux, jaune, je vais mourir, c'est certain. Je dois m'asseoir pour ne pas tomber.

A ce moment je me jure de ne jamais recommencer...tant de sacrifices et d'heures d'entraînement pour ça… déception, déception... J'ai connu l'euphorie en juillet à Klagenfurt en bouclant en 10h25,je connais le néant sur l'Elbaman en..12h19.Je ne m'en remets pas.






Le lendemain, consultant le classement général, je suis étonné de voir que je me classe 52ème sur 180 au départ, ça me met du baume au cœur et tempère ma déception. Finalement, c'est pas si mal..

Depuis, le temps à fait son oeuvre et le recul me fait penser que ce fut une course, certes très mal gérée, mais qui a débouché sur un classement plus qu'honorable.

Aujourd'hui, je suis reparti sur une nouvelle phase de préparation pour ...NICE.

Je terminerai ce récit en remerciant mon entraîneur, CHRISTOPHE BASTIE, qui me coache depuis maintenant 1.5 ans, car je suis convaincu que si j'ai réalisé une saison bien pleine l'an dernier, c'est uniquement grâce à lui et à son suivi ...Merci Christophe.




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